Retour sur l’année 2022 de Datactivist : de l’open data mais pas que !
C’est la traditionnelle saison des vœux et de l’exercice du bilan de l’année terminée. Alors pour commencer ce premier billet de 2023, nous vous souhaitons de très belles réussites, une bonne santé et beaucoup d’audace pour ouvrir encore plus de données et d’algorithmes !
Chez Datactivist, ce n’est pas un rituel installé mais après une année chargée et parfois mouvementée, nous avons tout de même voulu prendre le temps de regarder dans le rétro et voir — ou revoir — ce qui a été fait et vécu l’an passé.
En effet, l’année 2022 a été riche, avec la volonté de mener des projets qui avaient un impact le plus concret et réel possible.
Dans cet esprit, nous avons :
- Lancé ou soutenu des initiatives en prise directe avec les citoyens
Nous avons ainsi accompagné la Cour des Comptes dans le lancement d’une consultation citoyenne en ligne. L’objectif était d’inviter les citoyen•ne•s à suggérer des sujets sur lesquels ils aimeraient que la Cour enquête et de créer un dialogue avec les magistrats de la Cour. Cette initiative s’inscrit dans les travaux de longue date de Datactivist sur le gouvernement ouvert, d’abord avec Etalab depuis 2017, puis avec la DITP depuis 2020.
Toujours avec une approche citoyenne, nous avons atteint la barre des 300 participant•e•s dans le projet de self data territorial mené par l’agglomération de La Rochelle. Cette initiative vise à prendre conscience (via nos smartphones) de l’empreinte carbone que nous créons par nos déplacements pour pouvoir agir dessus. D’ailleurs, vous pouvez toujours la rejoindre, même si vous n’habitez pas à La Rochelle ;)
- Creusé le sillon de la science ouverte
En 2022, Datactivist a participé à l’élaboration de la plateforme recherche.data.gouv.fr en étudiant les besoins et contraintes des usagers ainsi que les scénarios de mise en œuvre.
Après la publication d’un décret de décembre 2021 qui formalisait l’obligation de conservation, de documentation et de diffusion des données de la recherche par les établissements de recherche, nous avons organisé un webinaire pour expliquer et discuter de ce décret (avec des invités du Ministère, des représentants des documentalistes, des établissements universitaires, des archivistes et les représentants intégrité). Résultat : 560 participants à ce webinaire !
- Créé et déployé de nouveaux formats d’accompagnement
Le format de “challenge data” a été déployé dans l’accompagnement de la métropole de Rouen pour lancer son portail open data et sensibiliser les communes de son territoire à l’ouverture des données. Par ailleurs, il est actuellement utilisé avec les communes de la métropole de Bordeaux.
L’intérêt de ce format est qu’il peut être déployé en interne (dans les services par exemple), mais aussi avec des partenaires externes. Il peut également être thématique. Ça a d’ailleurs été le cas pour la 5e édition du Challenge Data de Sciences Po Saint-Germain-en-Laye, réunissant collectivités et étudiants pendant une semaine. Cette année, il était centré sur les données liées à l’environnement (toujours notre volonté d’avoir un impact).
2022 aura aussi été l’occasion d’imaginer de nouveaux formats d’accompagnement, comme la fresque de la donnée ouverte, conçue pour les ministères économiques et financiers. Elle permet de saisir les tenants et aboutissants de l’open data de manière ludique et participative. On y retrace l’histoire de l’open data, on approfondit les concepts fondateurs et on décortique les mécanismes existants. Le tout en groupe, avec beaucoup de discussions et d’échanges, des explications et même des jokers (mystère mystère ^^).
Autre format hors des accompagnements classiques, nous avons recréé une exposition ! L’expo “Souriez vous êtes captés” (créée initialement par Civiteo et ses partenaires) existe de nouveau, en coproduction avec Civiteo et Gens d’événement. Elle montre de manière concrète quels capteurs existent dans une ville, quelles données sont captées et les questions qui en découlent en terme de liberté individuelle et vie privée. L’exposition a été présentée aux agents et visiteurs de Bordeaux Métropole en mai et peut-être remontée selon les demandes.
(Dans la série “vous avez échappé à”, sachez que certains formats pourtant très “impliquant” n’ont malheureusement pas vu le jour. C’est le cas de la proposition de monter une comédie musicale sur l’ouverture des données pour sensibiliser, qui n’a pas rencontré un grand succès en interne. On garde quand même le concept dans un carton, on ne sait jamais ^^)
- Lancé des projets de recherche et de développement
En 2022, Datactivist et la Semaest (société d’économie mixte de la Ville de Paris) ont lancé le projet Excom, qui vise à rendre visibles et à quantifier les externalités du commerce. En clair, il s’agit d’évaluer et prendre en compte tous les à-côtés (négatifs et positifs) que génère la présence d’un commerce pour comprendre son rôle social, que ce soit le fait d’avoir une présence dans la rue, le trottoir nettoyé devant la boutique, ou les va-et-vient des potentiels livreurs en scooter par exemple. Ce projet donne lieu à la première thèse conduite au sein de Datactivist par notre collègue Allyson Pallisser avec le Centre de Sociologie de l’Innovation (CSI) de l’École des Mines de Paris.
Un de nos autres projet de recherche-action, porté par Elise Ho-Pung-Cheung, s’intéresse particulièrement à la manière de penser et concevoir des standards de données afin de permettre leur interopérabilité et leur réutilisation. Ce travail a été mené en collaboration avec la MedNum sur le schéma de données des lieux de médiation numérique et a donné lieu à la publication du cahier de l’Observatoire Data Publica ainsi qu’un webinaire.
Toujours côté R&D, Datactivist a analysé les données d’usage du chatbot des portails open data. Celui-ci, déployé en 2021 à titre expérimental sur datasud.fr avec le soutien de la région Sud, aide à la recherche de jeux de données sur les portails. Nous avons ainsi pu mesurer l’impact des métadonnées sur la découvrabilité des jeux de données, et notamment l’écart de vocabulaire entre producteurs et réutilisateurs.
Nous avons aussi lancé avec le Centre de Sociologie de l’Innovation le projet DoMeSCO (Données et Médiation scientifique : leçons du COVID-19) pour tirer les enseignements de la pandémie et accompagner la médiation des données ouvertes. Un article publié par Samuel Goëta dans la revue Statistiques et société retrace l’ouverture des données liées à la pandémie en France comme un “moment charnière” pour l’open data.
- Développé des verticales thématiques
Certains sujets étaient déjà dans les tuyaux les années passées et 2022 nous a permis de les approfondir. C’est le cas par exemple de l’ouverture des algorithmes publics, que nous avons exploré avec la Métropole Européenne de Lille. Cette mission démarrait par une question qui parait simple mais ne l’est pas tant que ça : qu’est ce qu’un algorithme ? Elle a abouti à l’ouverture de trois algorithmes, d’un article (qui raconte en détails les coulisses de la démarche) et même d’un parcours d’accompagnement de bout-en-bout pour construire et publier votre registre des algorithmes publics.
Pour le défi iDoc santé, nous avons accompagné la Haute Autorité de Santé dans l’organisation d’un concours d’innovation. Des équipes regroupant professionnels de santé, data scientists et développeurs y ont développé des solutions pour mieux diffuser, organiser et connecter les connaissances en santé (en exploitant les documents et données publiés par la HAS et ses partenaires).
Nous participons également aux activités de la startup d’État PCRS (Plan Corps de Rue Simplifié). Concrètement, nous accompagnons les porteurs de projets locaux en collectivités. Cela passe par la mise au point d’outils et de modèles de données pour construire un catalogue de ces projets, notamment via l’étude d’une centaine de conventions signées depuis 2015. La documentation produite et offerte aux territoires permet à des projets évoluant à différents rythmes de réussir. Le tout pour disposer d’un fond de plan précis et fiable sur l’ensemble du territoire national
Autre sujet sur lequel nous développons une expertise de plus en plus pointue : les données de la commande publique. Nous avons ainsi accompagné la région Bretagne dans la publication et l’amélioration de son Observatoire des données de l’achat public, de l’acculturation des agents à la définition d’indicateurs (basés sur de l’open data de la commande publique), en passant par la collecte et la cartographie des données de l’achat public. Sur la base de ces travaux, la région actualise son Schéma de promotion des achats publics socialement et écologiquement responsables (SPASER).
Suite à ce travail sur les données de la commande publique, nous avons également publié une tribune sur le sujet dans Le Moniteur.
L’expertise Datactivist est également citée dans le rapport de Wikimedia sur l’open content dans les institutions culturelles en France (on vous recommande la page 115 du rapport ^^).
- Publié, discuté, échangé
Dans le cadre de l’observatoire Data Publica, nous avons aussi contribué au Guide de la donnée territoriale, un hors-série de la Gazette des Communes qui aborde la gouvernance des données publiques locales, leur intérêt et leurs enjeux pour les politiques publiques et la démocratie.
Dans la même veine, lors du Salon de la Data à Nantes, nous avons évoqué la question du genre dans les données et leur impact sur les politiques publiques.
En 2022, Datactivist a aussi atteint le million d’euros de chiffre d’affaires, un cap symbolique qui correspond à une activité en forte croissance.
L’équipe s’est étoffée avec l’arrivée d’Elise Ho-Pun-Cheung, Pauline Breton-Chauvet et Sarah Bourgoin (nous sommes actuellement 21 salarié•e•s de la coopérative, venez par ici pour voir nos trombines). Les Datactivistes nantais ont (enfin) posé leurs ordinateurs à la Cantine numérique (bye bye la table à repasser en guise de bureau !), nous avons mis en place un comité social et économique. Nous nous sommes aussi retrouvés physiquement lors de deux super séminaires, en mars à Lyon puis en novembre à Nantes (où il n’a même pas plu).
Bref, 2022 a été bien occupée et 2023 laisse entrevoir le même chemin, à notre plus grande joie. Dans le sillage de l’an passé, et en nous appuyant sur nos travaux internes des séminaires, nous nous sommes fixés quelques objectifs pour les mois (et les années ?) à venir, nous voulons :
- avoir encore plus d’impact positif dans nos missions et nos travaux
- fonctionner de manière plus écosystémique
- rester coopératifs et activistes.
Bref, nous voulons œuvrer pour un monde où l’open data serait un levier de transformation sociale et écologique majeur.
Et vous, vous voulez faire quoi en 2023 ?
